La « querelle du Cid »
En 1637, Corneille fait jouer Le Cid. La pièce remporte un énorme succès : on en donne trois représentations à la cour et deux à l'hôtel Richelieu, et une traduction anglaise parut à Londres avant la fin de l'année 16379. Richelieu protège Corneille, et le fait anoblir par le roi en 1637. Cependant, Jean Mairet et Georges de Scudéry, deux dramaturges, vont attaquer Corneille, en l’accusant de ne pas respecter les règles du théâtre classique, entre autres la règle des trois unités. Ils l’accusent également de poignarder dans le dos la France engagée dans la guerre franco-espagnole, en produisant une pièce dont le sujet, le titre, les personnages et les décors sont espagnols. En juin 1637, Scudéry fait appel à l’arbitrage de la toute jeune Académie française créée en 1635. Corneille, qui sait Richelieu favorable à cette médiation, accepte. Le cardinal voit en effet l'occasion pour l'Académie, qu'il avait fondée deux ans plus tôt, de paraître comme le tribunal suprême des lettres, de se faire connaître du public et d’obtenir ainsi l’enregistrement de son acte de fondation par le parlement de Paris. En décembre 1637, l’Académie présente un texte mis au point par Jean Chapelain : Les Sentiments de l’Académie sur la tragi-comédie du Cid, dans lequel elle ne retient pas l'accusation de plagiat, mais donne raison à Scudéry sur la question des règles.
Les reproches qu'on lui fit ont été :
- le sujet n'était pas de l'Antiquité, mais surtout il était espagnol. Or, lors de sa période d'écriture, la France et l'Espagne s'affrontaient dans la guerre franco-espagnole.
- il est également accusé de n'avoir pas su choisir entre la comédie et la tragédie.
- de n'avoir pas respecté la règle des trois unités.
- son œuvre n'était pas très vraisemblable.
- le grand nombre de péripéties :
Nicolas Boileau résume à sa façon la « querelle du Cid » en quatre vers :
« En vain contre le Cid un ministre se ligue,
Tout Paris pour Chimène a les yeux de Rodrigue.
L'Académie en corps a beau le censurer,
Le public révolté s'obstine à l'admirer. »